samedi 18 avril 2009

Crise mondiale: comment se débarrasser des actifs toxiques ?

Lors de la récente réunion de Londres, le G20 a passé quasiment sous silence l’épineuse question des actifs toxiques, qui sont pourtant l'un des principaux facteurs déclenchant de la crise financière actuelle. Le « conseil d’administration » de l’économie mondiale préfère laisser aux banques, avec le soutien des Etats occidentaux, le soin de purger leur bilan pour sortir de la crise. Le plus inquiétant c’est que le phénomène, limité au départ aux dérivés d'emprunts immobiliers dits «subprimes» (1.000 milliards de dollars à l’éclatement de la crise), s’est étendu, avec la dégradation de la conjoncture mondiale, aux emprunts sur cartes de crédit et gangrène aujourd’hui tous les secteurs de l’économie réelle. Le FMI estime que le montant total des actifs toxiques émis par les seules banques américaines se situera entre 2.200 milliards et 3.100 milliards, à l’horizon 2010. Cette titrisation sauvage est à la base de la crise financière qui ravage la planète.  

Pour se débarrasser des actifs toxiques, jugés responsables de la paralysie du crédit, les USA parient sur le Plan Geithner de rachat, du nom du Secrétaire américain au Trésor, qui n'est rien d'autre qu'une nouvelle arnaque des banques, pour capter l'argent du contribuable. C'est tout simplement de l'escroquerie que de transformer des dettes en actifs.

L'Union Européenne peine, de son coté, à réaliser un consensus minimal sur le traitement des actifs toxiques qui plombent le crédit à l'économie, aggrave la recession et fait craindre un retour au protectionnisme. L'accord-cadre européen, conclu à l'arraché, n'est en définitive qu'un palliatif aux pressions américaines en faveur de l'application d'une politique keynesienne d'augmentation de la demande à l'échelle de la planéte, pour soutenir la relance de l'économie mondiale.

Dans le bras de fer qui se joue entre américains, européens, chinois et russes, les pays en développement sont les plus exposés aux conséquences de la débâcle financière actuelle. A cela deux raisons. La première est que les pays en développement ont considérablement accru leur dépendance vis à vis des capitaux publics et privés internationaux à un moment ou ceux-ci connaissent un recul drastique (les flux privés d'investissement sont passés de 928 milliards de dollars en 2007 à 466 milliards de dollards en 2008). Dans ce contexte dépressif, les PVD devront attendre un hypothétique accroissement des ressources du FMI pour améliorer leur capacité d'emprunt. La deuxième raison est que les exportation des pays du Sud (y compris la Chine et le Brésil) se sont littéralement écroulées, du fait de la contraction de la demande mondiale.

Encore une fois les pays en développement risquent de faire les frais de la débâcle financière actuelle. La manière avec laquelle les pays riches veulent se débarrasser des actifs toxiques rappelle étrangement celle qui consiste à se débarrasser des déchets nucléaires en les exportants vers les pays pauvres.

Azeddine ABDENNOUR

    

   

 

 

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